Raphaël Zarka est plasticien, il pratique aussi bien la photographie que la sculpture ou la vidéo. La production de textes, essais ou récits, est partie intégrante de son activité d'artiste.Le travail d’historien-ethnographe qu’il mène depuis déjà plusieurs années sur le skateboard le place au cœur de cette nouvelle forme d’archéologie. Lorsqu’il rédige l’histoire d’une pratique contemporaine en la faisant remonter au 18ème siècle, et que cette pratique, majoritairement urbaine aujourd’hui, a pour principe la création de nouveaux usages, ou d’usages détournés pour les architectures et autres aménagements citadins un peu inutiles ou démodés, il s’agit de l’élaboration d’un nouveau discours sur les formes, d’une néo-archéologie.
J'ai découvert le travail de Raphael Zarka, en 2003 au moment de la parution de son premier ouvrage La conjonction interdite, notes sur le skateboard . Une réflexion à la limite entre une vision anthropologique et une autre plus sociologique de la pratique du skateboard. Il appliquait ensuite au skateboard le tableau de répartition des jeux de Roger Caillois, croisant les notions de compétition, de chance, de simulacre et de vertige. Une approche intéressante, tant pour les skateurs que pour les non-initiés qui pourraient essayer de comprendre par la lecture ce passe-temps. Trois ans plus tard, l'auteur, s'est attelé à retracer de manière scrupuleuse la courte histoire du skateboard : Chronologie lacunaire du skateboard, une journée sans vague.
Voiçi ce que l'auteur dit de ses deux ouvrages :
" La conjonction interdite, ce n'est même pas à proprement parler un livre, je veux dire que c'est un tout petit livre, 32 pages d'un format poche. L'approche était disons plus sociologique, mais pas sociologique comme on l'entend en France d'habitude. C'est un texte qui tente de définir le skate (et donc la pratique du sport en milieu urbain). Les skateurs sentent tous que c'est quelques choses de différent, mais différent en quoi? C'est cette question que je me posais au départ, et l'analyse des jeux par Roger Caillois m'a permis de situer plus clairement le skate en tant qu'activité. C'est un livre plus proche des études sur le skate qu'ont proposé Ocean Howell ou de Iain Borden, bien que je ne le considère pas seulement dans son rapport à l'architecture.
Avec Une journée sans vague, l'approche est différente, beaucoup plus objective et clairement historique. A mon avis les deux textes sont complémentaires."
Je vous conseille vivement la lecture de ces deux petits ouvrages ... très faciles d'accès.
Pour ceux que le mot skateboard rebute, il vous suffit de le remplacer par le mot qui vous fait plaisir ... Trottinette, VTT, BMX ou je ne sais quoi .
Mais ce n'est pas pour cela que je souhaitais vous parler du travail de Raphael Zarka ...
La ville de Bordeaux viens de clore sa première édition d'Evento. Cette édition a présenté les interventions de 50 artistes à travers l’espace public, articulées autour de la notion de l’intime Collectif. C'est dans ce contexte que l'artiste a développé une pratique répandue qui consiste
à transformer légèrement l'architecture à l'aide de micro constructions pour la rendre praticable. En collaboration avec le cabinet d’architectes marseillais Constructo et d'un certain nombre
de skateurs bordelais, il greffe le temps de l'exposition de petites "scultures" minimales bricolées sur une sélection de 5 spots repérés dans l'agglomération Bordelaise. Des sculptures en béton ont ainsi été intégrées au paysage. L'évènement à peine terminé suscite déjà le débat ... Certes, tout le monde savait que ces œuvres étaient sans lendemain. Il n’en reste pas moins que pour plusieurs habitants du quartier de Bacalan, la sculpture réalisée place Adolphe Buscaillet manque déjà. Et pour cause. Six tonnes de bétons, près d’une semaine pour sa construction et quatre jours pour sa destruction. Au-delà de son caractère imposant, la pièce était surtout facteur de lien social. Plusieurs skateurs et de nombreux riverains regrettent sa disparition, qu’une pétition lancée le jour-même de l’installation du spot n’a pas réussi à empêcher ... A suivre ... le dernier numéro du mag. de skate Sugar vient publier un papier sur l'évènement
Pour les plus motivés, je leur conseille une petite interview sur Agoride : http://www.agoride.com/skate/focu/evento_:_les_spots_bordelais_ne_seront_plus_pareil_27920_4_65.htm
un article dans Zérodeux online: http://www.zerodeux.fr/raphael-zarka
Pour ce qui est de la notion de jeu et son concept, j'adhère mais je suis complètement contre la modification du mobilier urbain qui va à l'encontre de la notion d'exploration qui m'est très chère! L'exploration est un concept bien plus large et profond que ce qui est une aternative au Détournement pur! il est vrai que la sensibilisation peut passer par là et ensuite mené sur d'autre chemins parallèle à l'exploration, mais je trouve quand même cela regretable et moins enrichissant. Un poste nécessaire et très bien réussi cependant, bravo!
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord avec toi sur l'idée de "modification". D'un point de vue pratique l'idée du "Street" est l'utilisation, le détournement du mobilier urbain et même de la ville dans son ensemble comme terrain d'expérimentation. De la contrainte nait la créativité ... Si on modifie la ville à des fin "sportive", autant modifier l'espace entièrement: Cela s'appelle un Skatepark.
RépondreSupprimerCependant, la notion de détournement est suffisamment proche de celle de subversion pour me satisfaire . c'est en quelque sorte un détournement du sens/de la fonction usuel de l'objet détourné ... il offre une lecture différente de notre environnement et ce n'est pas une mauvaise chose. Je crois que le mot "détournement" à été utilisé pour la première fois par l'internationale situationniste
ah je vois (sans surprise)que mes clins d'oeil lexicaux ont du répondant! Asper jorn, la psychogéogrpahie, ian schwartz etc...
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